Etienne Manchon

Manchon Rond

Quelques mots sur moi-même

« Je m’appelle Etienne Manchon, j’ai 22 ans et je suis… pianiste c’est un peu réducteur, sinon il faudrait dire claviériste, organiste… musicien de jazz, c’est aussi réducteur car je m’intéresse au classique. Je suis musicien professionnel ! Je suis tout cela à la fois, mais par périodes : ce mois-ci, je suis plutôt pianiste classique et organiste de musique baroque. Mais si l’on regarde sur une année, je suis plutôt pianiste de jazz. De manière générale, l’été est la saison où l’on travaille le plus parce que c’est la période des festivals et qu’il y a beaucoup d’endroits, des bars, des restaurants, qui aiment bien avoir de la musique pour faire un peu « vivre les choses ». En ville, c’est plutôt en saison, de septembre à juin. Par exemple, je joue dans un groupe de musique baroque avec d’anciens collègues de la fac qui étaient en licence musique classique. C’est un quintet avec deux violons, une chanteuse, une violoncelliste et moi, à l’orgue et au clavecin. Le groupe, assez récent, s’appelle Lyra. On joue vraiment dans la région, et plus particulièrement dans le Tarn d’où est originaire une violoncelliste. »

Lien vers Lyra 

Ma licence en Jazz

« J’ai obtenu un bac littéraire, option musique. J’ai été également inscrit en piano (piano classique, vraiment) au conservatoire à Clermont-Ferrand pendant 10 ans (j’ai arrêté en 2011). J’ai aussi pratiqué le saxophone pendant huit ans, puis j’ai arrêté. »

Et après la formation ?

« Je suis parti à Paris deux ans au CNSM (Conservatoire National Supérieur de Musique), enfin un an et demi, j’ai arrêté en janvier 2017. Il y avait un problème de décalage entre l’enseignement et la réalité des concerts. Je commençais déjà à jouer pas mal et au bout d’un moment, j’ai dû choisir. Dommage… Des projets que j’avais déjà Toulouse avant de partir à Paris ont commencé à se développer, du coup je faisais beaucoup d’allers-retours. C’est ce qui m’a motivé à revenir à Toulouse. Il y avait plus de travail ici que là-bas »

Une licence en musicologie : pourquoi ?

« Le jazz m’intéressait depuis un bon moment, j’ai commencé de manière vraiment autodidacte vers 2008/2009.  A l’issue du bac, je n’avais pas du tout envie de me diriger vers une activité de musicien classique parce que le piano classique dans une formation au Conservatoire, c’est un instrument solitaire et moi, ce n’est pas quelque chose qui me plaisait particulièrement. Je préférais vraiment interagir avec les gens. Le jazz me permettait vraiment cette liberté de jouer avec d’autres gens, de rencontrer du monde. En fait, je suis venu à l’Université – Toulouse Jean Jaurès pour l’option Jazz de la licence de Musicologie. A Clermont-Ferrand, il n’y avait pas de formation universitaire en musique, pas même en musique classique, il fallait aller au moins à St-Etienne ou à Lyon. Toulouse était un peu plus loin, mais pas tant que ça en fait. Et la ville m’attirait. Je n’y étais jamais allé mais j’avais envie de découvrir. Et j’ai bien fait parce que je m’y plais bien. Au moment de mon inscription à l’université, j’avais pour visée de devenir musicien professionnel. J’ai toujours eu envie de faire cela, mais jusqu’à ce que j’arrive à la fac, je ne savais pas trop si ce serait possible de gagner ma vie en jouant. J’ai toujours voulu faire des choses en rapport avec le domaine artistique mais pendant assez longtemps, jusqu’au lycée, je me disais que je serais plutôt prof. Le solfège m’intéressait, j’avais envie de faire quelque chose dans la musique, c’était difficile de m’engager dans une autre voie que le professorat. »

Lien vers la licence de Musicologie, option Jazz et culture musicale de l’Université Toulouse – Jean Jaurès

Le souvenir de ma formation.

« C’était chouette. Non, vraiment. C’était très cool, j’en ai de très bons souvenirs, même si je n’ai pas toujours été extrêmement assidu, surtout vers la fin… Je commençais à jouer un petit peu et cela ne posait pas trop de problèmes auprès des profs que de s’absenter pour des raisons musicales, aussi vers la fin, j’étais un peu moins là. Le côté plus théorique du master, ce n’est pas que cela ne m’intéressait pas mais cela m’attirait moins dans une visée professionnelle, tout simplement. J’avais envie d’être dans la pratique musicale. »

Ma première expérience professionnelle.

« Mon premier contrat, c’était en 2013 (pendant la formation), ce n’était pas un travail fixe, c’était un remplacement ; j’accompagnais une chanteuse en Corrèze. J’ai décroché mon premier contrat avec des projets plus personnels  vers 2014.  Côté jazz ou musiques actuelles, j’ai pas mal joué pendant la licence … j’ai joué dans un groupe de métal, c’était du métal bizarre ; on était cinq musiciens issus de ma promotion, formation jazz.
En 2014, j’ai monté mon propre quartet. Il s’appelait EMQ tout simplement et a duré jusqu’en 2016. Quand je suis parti à Paris, c’était plus compliqué… Un projet créé en 2012, au tout début de la fac, continue depuis : La Recette.  Sur les quatre musiciens, deux sont issus de ma promo en jazz et un a fait la licence jazz qu’il a finie en 2012, juste avant que l’on arrive. C’est un groupe qui a évolué en terme stylistique, il est maintenant plutôt pop, pop soul. Mon trio est assez récent, il s’est créé en décembre 2016 ; c’est un trio jazz plutôt acoustique ; c’est vraiment « mon » projet : j’écris, je gère le côté administratif et je cherche les concerts ; nous avons fait un appel à financement participatif et allons sortir notre album au début 2019 : l’enregistrement est prévu pour début septembre, là on est en pleine préparation, je finis d’écrire les morceaux. Le groupe va partir en tournée à La Réunion cet été !
J’avais envie d’être musicien professionnel depuis toujours. Après, plus ou moins jusqu’à ce que j’arrive à la fac, je ne savais pas trop si cela serait possible tout simplement. 
Comment j’ai fait pour trouver mon emploi actuel ?   Je cherche un emploi tous les jours ! Ce n’est pas évident, c’est beaucoup d’organisation pour trouver des contrats. Le principe, c’est que l’on est recruté en CDD de 1 jour en général et il faut en trouver 43 par an pour avoir le statut d’intermittent du spectacle ! Je suis intermittent depuis 1 an maintenant. »

Lien vers EMQ 
Lien vers La Recette
Lien vers Trio 

 

Je n'ai jamais dû montrer ma licence...

« Quand je regarde les gens avec qui je joue, il y a tous les profils, des gens qui ont un master en musicologie, des gens qui ont un diplôme du Conservatoire ou des gens qui sont complètement autodidactes et qui n’ont jamais mis un pied à l’école de musique… La formation a été une aide dans la rencontre des gens mais je n’ai jamais eu à montrer ma licence ! »

On parle de compétences ?

« Pour exercer de manière professionnelle, les compétences musicales ne sont pas l’essentiel : il faut aussi être sympathique ! Cela donne envie aux gens de travailler avec toi, c’est quand même un métier très axé sur le relationnel. Quand on part en tournée, on peut jouer deux semaines de suite avec les mêmes personnes, il vaut mieux qu’elles soient sympathiques, sinon, cela peut être très, très long ! Sympathie et organisation… les musiciens ne sont pas toujours très organisés, mais même sans parler d’une organisation extrêmement stricte et rigoureuse, il faut quand même se forcer à devenir un pro de l’agenda, sinon, on passe à côté d’un certain nombre de choses. Il faut aussi un peu de débrouillardise, rencontrer des gens un peu tout le temps et ne pas être trop timide ! Ce qui n’a pas été facile au début pour moi…
J’essaie d’être assez flexible : je passe beaucoup de temps à voyager, à aller jouer à droite et à gauche ; il faut être conscient que l’on a une vie inhabituelle, pouvoir s’adapter un peu à tout cela. »

Dans 5-10 ans je serai...

« Alors là, franchement, je referais tout pareil ! Je n’ai pas du tout l’intention d’arrêter ce que je fais, c’est vraiment quelque chose qui me plaît. Je ne me vois pas ailleurs pour le moment, pas ailleurs professionnellement, dans une autre branche, un autre métier. Après, sur le plan géographique, je ne sais pas trop ; cela dépendra aussi de ma compagne. C’est aussi l’avantage de ce métier, il peut s’exercer partout. »

Quelques conseils aux futurs diplômés

« Sortez !  Il y a beaucoup de jam sessions à Toulouse, sortez et jouez avec vos potes autant que vous le pouvez ! C’est le moment de créer des projets, de jouer au maximum avec les gens que l’on rencontre à l’université. Pratiquez l’instrument aussi parce que ce n’est pas forcément quelque chose que l’on a trop le temps de faire par la suite. »

Si je n'étais pas musicien... et si c'était à refaire !

« Je ne sais pas trop… J’aime beaucoup tous les métiers de la communication sur internet, j’aime beaucoup écrire aussi, par exemple chroniqueur … et après, je suis très intéressé par l’histoire et la géographie. Mais je ne suis pas sûr que j’arriverais à en faire quelque chose du côté professionnel. Si c’était à refaire, pour le parcours, je n’irais peut-être pas jusqu’à revenir au conservatoire à Paris, mais je ferais la même chose. (…) »

 

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