Coralie Fregonèse
Sage-femme et enseignante depuis 11 années mais en parallèle de cette fonction elle a suivi un parcours de formation des plus originaux !
Coralie participe à la formation des futur.e.s profesionnel.le.s sages-femmes. Son poste comprend donc l’ingénierie de la formation, l’enseignement et la réalisation de tâches administratives devenues de plus en plus conséquentes. Après ses premières études elle devient sage-femme en 2002. Elle est recrutée dans une maternité hospitalière universitaire qui, outre le soin, est aussi un lieu de formation. Dans ce cadre, elle a donc, en plus de ses activités en qualité de sage-femme, encadré des stagiaires et elle a tout de suite été attirée par la transmission et l’enseignement. Elle a alors choisi de suivre une autre formation à l’école des cadres de Dijon qui lui offrait une évolution professionnelle soit dans le management soit dans l’enseignement justement. Par chance, à sa sortie de l’école, un poste est ouvert à l’école des sages-femmes de Toulouse ; elle candidate et obtient le poste et devient dès 2007 une des plus jeunes enseignantes sages-femmes. Puis arrive le temps de l’universitarisation du champ de la santé avec l’obligation pour tous formateurs d’avoir un niveau Master. Le diplôme de cadre n’étant pas reconnu en tant que tel (à cette époque car il l’est à présent !), Coralie doit alors songer, pour rester en poste, à retourner une nouvelle fois sur les bancs de l’école.
Son master... son doctorat !
Après beaucoup d’interrogations et de recherches, elle finit par découvrir l’existence d’un diplôme universitaire à la marge, de DHEPS (Diplôme des Hautes Etudes des Pratiques Sociales) qui, valorisant l’expérience professionnelle, permet d’accéder à un niveau M1 en trois années (à raison d’une journée de cours par semaine et de travail personnel) via la réalisation et la soutenance d’un mémoire de recherche-action. Elle réussit brillamment ce nouveau challenge et poursuit en Master 2 Recherche en Sciences de l’Éducation à l’Université – Toulouse Jean Jaurès. Tout en poursuivant ses activités de sage-femme enseignante, cette jeune femme déterminée réussit brillamment son année de Master et obtient (enfin) le niveau demandé : et c’est donc forte de son courage qu’elle peut donc continuer à exercer en qualité de sage-femme enseignante ! Nous aurions pu croire que la vie de Coralie allait se calmer une fois cette quête aboutie ? Il n’en est rien car à peine coiffée de ses lauriers, Coralie cède à la tentation de poursuivre encore ses études : il s’agit à présent d’entrer en doctorat ! Mais cette fois les conditions sont beaucoup plus rudes car, si le diplôme n’est plus indispensable à sa fonction, il ne permet plus de bénéficier d’un congé pour formation. C’est donc sur son temps personnel que Coralie réalise ce nouveau défi au sein de l’UMR EFTS[1] : réaliser une recherche d’envergure et rédiger une thèse ! Elle avouera que cela a représenté « pas mal d’investissements quand même » mais trois ans plus tard, Coralie finalise son parcours et devient docteure ! Quel parcours, quelle pugnacité…chapeau docteure !
[1] Unité Mixte de Recherche « Éducation Formation Travail Savoir »
Lien vers le DHEPS de l’Université – Toulouse Jean Jaurès
Lien vers le Master Sciences de l’Education de l’Université Toulouse – Jean Jaurès
Coralie aujourd'hui : quel apport ses études ?
Aujourd’hui Coralie est une figure en son genre car peu d’enseignantes sages-femmes ont son niveau d’études et qui plus est, peu, dans le domaine de la santé, peuvent s’enorgueillir d’un cursus en Sciences de l’Education.
A la question de ce que le doctorat lui apporte aujourd’hui, Coralie répond humblement qu’il lui a permis de ressentir une sorte de légitimé auprès de ses collègues et auprès des différents acteurs qu’elle côtoie. Outre les connaissances très spécifiques et pertinentes dans le cadre de ses activités (Coralie a tout de même réalisé une thèse sur la professionnalisation -de la profession- de sage-femme), outre des méthodologies, une grande capacité d’organisation, un réseau de professionnels qu’elle a interrogés et une expérience conséquente en travail coopératif, elle dit que le doctorat lui permet de questionner et d’appréhender les problématiques professionnelles (et leurs solutions) avec une certaine rigueur et qu’elle se permet des choix pédagogiques innovants et éclairés.
Son rêve...
Aujourd’hui, elle attend une reconnaissance de cette évolution et espère beaucoup dans les changements en cours dans le champ de la santé avec notamment l’universitarisation des diplômes. Elle espère qu’à la suite des programmes d’enseignements, ce seront les statuts des formateurs qui seront amenés à changer (pour être mieux reconnus). Mais son souhait le plus cher est de garder un lien avec l’Université et surtout la recherche. Elle aimerait pouvoir innover encore dans l’ingénierie de formation de sages-femmes et faire de son lieu de travail, pourquoi pas, un laboratoire d’expérimentations pédagogiques afin de pouvoir réfléchir à nouveau dans un collectif de recherche.