Chloée Sersiron
Chloée Sersiron, une fonceuse avec une boule de cristal.
Chloée dirige le Studio Beyond qui conseille des entreprises dans leurs stratégies à 10 à 20 ans. Pourtant sans son année de césure, elle n’aurait jamais découvert la prospective, cette science qui donne des indications sur le futur en interrogeant le passé à l’aune du présent. A la fin de son Master 2 en droit, Chloée rejoint le Centre Michel Serres pour l’Innovation, découvre le design et la prospective dont elle fait finalement son métier en créant sa propre entreprise, le Studio Beyond.
« Faire du droit c’est comme jouer aux échecs »
Ella a adoré ses études en droit, dans lequel elle voit une discipline de stratégie, d’anticipation mais lui reconnaît un côté un peu poussiéreux. « La seule innovation en droit est d’avoir digitalisé le code civil. » Après un Master 2 en Finances Publiques et une Licence en Sciences Politiques, elle prend une année de césure pour « faire complètement autre chose » avant de passer, pourquoi pas, les concours de la magistrature.
La découverte de la prospective au cours d’une année de césure au Centre Michel Serres pour l’Innovation
Elle rejoint alors le Centre Michel Serres pour l’Innovation qui recrute sur projet des équipes d’étudiants pour répondre à des commandes publiques. Avec 10 camarades de tous horizons (architecte, ingénieur, historien de l’art…), lui est confiée la mission de pré-figuration de la candidature de la France à l’Exposition Universelle de 2025. « On était en 2013, c’était pour 2025 donc 12 ans après. C’est là où j’ai découvert qu’avec la rétrospective on tourne le regard vers le passé et qu’avec la prospective on regarde vers l’avant. » Il faut tout apprendre d’un sujet qu’ils ne connaissent pas, l’étudier et le réinventer, sous la direction d’un chef de projet qui les initie au design, au travail collaboratif et pluridisciplinaire. Le résultat est présenté à l’Assemblée nationale et Chloée poursuit dans cette nouvelle voie en rejoignant l’année suivante le Master Innovation by Design d’ENSCI Les Ateliers. « Là-bas, une fois par an, les élèves ont la possibilité de refaire intégralement la décoration de l’Ecole. Tu imagines si en droit on nous confiait les clés du grand amphi en nous disant que le redécorer faisait partie de notre cursus universitaire ? C’était un nouveau monde qui s’ouvrait à moi. ».
« Je rêvais d’être payée pour faire la même chose »
En parallèle, avec quelques étudiants du Centre Michel Serres, elle monte d’abord une association pour suivre le projet d’Exposition Universelle, Labo2025, et crée ensuite une entreprise, appuyée par un investisseur. « Je trouvais ça dommage de tout faire pro bono. Je rêvais de faire un vrai métier de ce qu’on m’avait appris ». Pendant 2 ans, Chloée et l’équipe qu’elle recrute étoffe la méthodologie. Pour identifier ce que les prospectivistes appellent les signaux faibles – « les indices de la vie de demain », ils interrogent systématiquement des directeurs de laboratoires de recherche, des enfants, des adolescents sur leurs envies et leurs besoins et même des autistes Asperger, offrant « une grille de lecture de la réalité qui est proprement décalée », « une base créative permettant d’oublier la réalité telle qu’on la connaît aujourd’hui et de la penser autrement pour demain ». Ils sont 7 aujourd’hui, à travailler pour des grands groupes comme Total ou Generali, installés dans un espace de co-working parisien, dans lequel se côtoient – entre autres – informaticiens, écologistes et psys du travail. « C’était essentiel pour nous de ne pas être dans un immeuble isolé, d’être en permanence en effervescence, de ne pas replier sur ce qu’on connaît, de continuer à aiguiser nos capteurs ».