Emeline Dolivet-David
Quelques mots sur moi...
« Je suis Emeline, j’ai 24 ans, et je suis gestionnaire du domaine public fluvial. Je travaille au département de la Charente-Maritime. Le département est propriétaire et gestionnaire de 5 voies d’eau, et mon rôle est d’instruire et de délivrer des autorisations d’occupation temporaire le long des voies d’eau, pour tout ce qui est appontements, bateaux, prélèvements d’eau et j’en passe.
A l’université de La Rochelle j’ai obtenu un Master Sciences pour l’Environnement mention Géographie Appliquée aux Espaces Littoraux en 2016. Avant j’ai obtenu une Licence en Aménagement du Territoire, Développement Durable et Urbanisme, et un baccalauréat littéraire Anglais/Latin.
En Master 2 j’ai fait un stage de 6 mois au département de la Charente-Maritime sur la protection contre la submersion marine et la protection du littoral. J’ai finalement été recrutée sur des petits contrats pendant 6 mois dans le service voisin, au départ sur du développement de logiciel de gestion et de l’administratif, puis j’ai finalement été recrutée de manière pérenne ».
Mon envie de départ
« Au départ je voulais travailler dans le monde des collectivités sur l’aménagement et ayant une appétence particulière pour le littoral et le milieu marin, je voulais m’orienter vers la protection de ce milieu tout en permettant la valorisation de ses attraits touristiques pour le faire découvrir au plus grand nombre. Voilà pourquoi je suis venue à La Rochelle. J’avais des vues sur 3 universités, Brest, La Rochelle, que j’ai découvert sur un forum, et Montpellier. Le cursus à Brest s’est avéré trop scientifique et celui de Montpellier était compliqué à intégrer sans avoir fait la Licence dans la même université. Le fait que l’Université de La Rochelle soit une université à taille humaine et que la ville soit en bord de mer m’a beaucoup plu et j’ai rapidement fait mon choix. J’avais fait ma licence au Mans car j’habitais là-bas à l’époque et que la Licence en Aménagement des Territoires est de très bonne qualité là-bas.
A la sortie du bac j’avais beaucoup d’idées de métiers vers lesquels je voulais me diriger : fleuriste, professeure de langues… Je me suis lancée dans la géographie sur un coup de tête parce que c’est une matière qui m’avait beaucoup plu en terminale. Je me suis ensuite dirigée plutôt vers le développement durable et l’aménagement mais sans idées particulière.
J’ai commencé à avoir une idée plus précise de ce que je voulais faire en Licence. J’ai entrevu des portes d’entrée ou plutôt celles qui se refermaient parce qu’elles ne m’intéressaient pas. J’ai choisi un Master pour me spécialiser davantage. Au final j’ai fait ce cursus là mais je ne travaille pas sur le milieu marin même si je travaille quand même sur le milieu aquatique. Je ne suis pas partisane du « un seul métier, un seul domaine tout au long de sa carrière tout au long de sa vie » puisque j’ai déjà envie de me réorienter ».
Le souvenir de ma formation
« Je garde de ma formation le souvenir d’une grande richesse au niveau de la diversité des cours, tant au niveau de la qualité des intervenants, des matières que des aspects du littoral et de l’environnement abordés. Les enseignants sont à l’écoute et indéniablement passionnés par ce qu’ils font. J’ai aussi le souvenir d’une charge de travail monstrueuse en Master 2 ».
Mon poste actuel
« Je suis rentrée presque directement dans le métier que je fais maintenant, j’ai eu la chance de ne pas connaître Pôle Emploi. Je suis restée dans un milieu que je connaissais ce qui est assez encourageant, assez rassurant pour une première expérience.
Pour réussir à trouver mon poste actuel j’ai surtout dû motiver mon souhait de trouver un travail. J’étais surqualifiée pour le poste donc il m’a fallu être humble, trouver les arguments, paraître sincère et convaincre que le poste était très enrichissant pour moi. Il m’a aussi fallu motiver mon entrée dans la fonction publique. Je suis rentrée sur un poste où il fallait juste un bac alors que j’étais moi-même déjà à bac+5″ ».
Mon diplôme, quel apport à mon métier ?
«Mon diplôme a constitué un atout dans l’obtention de mon poste dans le sens où ma formation étant pluridisciplinaire, j’ai vraiment balayé tous les domaines qui peuvent être rattachés à l’environnement, donc j’ai vraiment une vision globale qui est très importante, ce que je peux constater au quotidien. En même temps ce n’était pas vraiment mon domaine de compétence et aujourd’hui je suis plus sur le domaine du juridique plutôt que de la gestion ou de la protection du patrimoine naturel ou du tourisme (j’en fais un petit peu mais pas beaucoup). La formation m’a permis d’avoir un aspect sur différents volets, différents domaines de compétences, des capacités rédactionnelles, une manière de penser pour tout ce qui est travail en équipe. On apprend aussi à respecter la parole d’autrui, à exprimer les avis divergents, et à avoir une capacité d’entente et une ouverture d’esprit. ».
Ce qui me passionne
« Ce qui me passionne dans mon métier c’est le potentiel des voies d’eau. Surtout pour un département comme la Charente-Maritime qui est quand même relativement axé sur la façade littorale. Je travaille davantage et du coup je ne connais que l’intérieur des terres qui vont de Rochefort à Salignac au sud du département. Il y a un vrai potentiel touristique et économique du fait d’un patrimoine naturel préservé, on peut proposer énormément d’activités nautiques, de la location de bateaux, de canoës, des randonnées. Il y a aussi énormément de pistes cyclables à l’échelle du département qui longent ces voies d’eau. Donc il y a tout un panel d’activités autour de la voie d’eau qui structure aussi le département ».
Les compétences... et ma vision dans 10 ans
« Les compétences qui sont demandées par les employeurs actuels sont essentielles pour tout poste. La capacité d’écoute, d’accepter qu’on ne peut pas forcément être d’accord, la force qu’on a à travailler à plusieurs pour monter des projets, faire avancer des idées. La capacité à être autonome est également très importante, à l’université sans autonomie ça ne fonctionne pas, dans le monde du travail, c’est pareil. Je pense qu’on apprend davantage sur le tas que pendant notre cursus même si les compétences acquises sont très importantes. Je ne sais pas où je serais dans 10 ans mais je ne me vois ni à La Rochelle, ni sur mon poste. J’aimerai changer totalement de voie. Je suis une grande littéraire et j’aimerai travailler dans le milieu du livre, et travailler à terme dans une bibliothèque ».
Mon conseil aux futurs diplômés
« Je conseillerai aux étudiants de ne pas avoir peur de postuler sur des postes dont on ne se sent pas forcément capable. Même sur des champs d’action, des champs de compétences assez différents. Il faut persévérer. L’important est de rester ouvert. Et même si on a trimé pendant 5 ans après le bac à ne pas trop savoir où n’aller ni ce que l’on veut faire, ce n’est pas grave d’atterrir sur un poste sur lequel on est payé au SMIC. Il faut se dire que ça peut être temporaire, ça permet de rencontrer des gens, de voir arriver des opportunités. Il n’est jamais trop tard pour prendre le temps de redéfinir son projet, prendre le temps de chercher, d’avoir d’autres avis et de découvrir des domaines auxquels on ne pensait pas du tout au départ.
Si je n’avais pas fait ce parcours j’aurai certainement fait un master dans le domaine du livre. Sinon je suis aussi linguiste, je pense que je me serais retournée vers l’international mais plutôt dans une ONG ou dans les relations diplomatiques internationales. Si c’était à refaire j’irai de toute manière à l’Université. Je le referai ou en tout cas dans une autre discipline.
Il est aussi très important de savoir que les formations en sciences humaines ne conditionnent pas à certains postes, tous les débouchés sont possibles sans aucun problème ».