Bibi Ondoua
Boxeur professionnel, Bibi Ondoua est aussi moniteur éducateur pour assurer « un revenu fixe et la sûreté d’un emploi ». À travers ce deuxième métier, il peut transmettre les valeurs éducatives fortes de la boxe.
Dès l’âge de 5 ans, les parents de Bibi l’inscrivent dans un club d’arts martiaux pour atténuer son hyperactivité. Très doué au karaté, il obtiendra la ceinture noire à 11 ans. Au même âge, il veut faire « comme dans les films d’action » et se lance dans le kick boxing et la boxe française.
Passionné, il devient champion du monde de kick boxing à deux reprises en 2007 et 2008. Il fera ensuite des compétitions dans la catégorie « amateur » en boxe anglaise en 2009 et 2010, et deviendra professionnel en 2012
Entre le social et la boxe : son frère comme modèle
Bibi suit à deux reprises les pas de son frère : dans son goût pour les arts martiaux et dans son parcours scolaire. Originaire du Cameroun, Bibi y valide un Diplôme d’études Universitaires Générales (DEUG) bac +2 en sciences économie. Mais à son arrivée en France, l’équivalence de ce diplôme n’est pas reconnue. Devant alors recommencer le cursus, il décide de ne pas poursuivre dans ce domaine. Comme son frère, il se dirige vers une licence en sciences de l’éducation à Strasbourg pour devenir éducateur spécialisé. Le manque de renseignements pousse le boxeur à continuer vers la validation du master Apprentissage et Médiation en 2013, pour atteindre son but premier. Ce diplôme lui a « permis l’ouverture d’esprit » et la rencontre « d’enseignants atypiques » qui ont marqué sa vie.
Le social, un inattendu
Invité à l’ITEP Les Mouettes, Bibi détaille sa carrière sportive aux étudiants, afin de transmettre les valeurs éducatives de la boxe. En présence du directeur, un jeune demande à Bibi pourquoi il ne travaille pas dans la structure. Ce fût l’élément déclencheur. Peu de temps après, le directeur l’appelle pour lui demander s’il souhaitait travailler en tant que veilleur de nuit dans la structure. Finalement, Bibi n’est jamais parti de l’ITEP et a validé ses acquis pour obtenir le diplôme de moniteur éducateur.
« Ça m’aide dans mon discours éducatif »
Bibi a réussi à tirer profit de son parcours en apportant les valeurs éducatives de la boxe dans sa transmission aux jeunes qu’il accompagne : « le respect strict envers soi-même, se faire violence pour avancer, ça s’intègre dans la façon d’être inconsciemment ». Toutefois il souligne que « la pratique de l’art est en conflit avec le milieu de l’éducation et en contradiction avec les valeurs éducatives ».
Le boxeur fait référence ici au milieu violent de ce sport autant dans les mots que dans la pratique. Il transmet aux jeunes d’une part que « les sports de combat canalisent la violence » et d’autre part la non-violence en dehors de ce cadre. Cette passion est pour lui une « thérapie pour libérer les émotions ». Le goût de l’effort, la persévérance, la remise en question et la patience lui permettent d’avancer quotidiennement et lui donnent envie de poursuivre vers d’autres horizons professionnels : créateur d’une plateforme pour coachs sportifs ou agriculteur biologique au Cameroun ; « il faut rester ouvert à toute orientation » !